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Les albumines
dimanche 15 juin 2008, par
Les albumines sont les protéines principales du sérum. Elles sont formées de 3 domaines dont 2 présentent une cavité hydrophobe permettant le transport de molécules peu hydrosolubles .
Leur masse est d’environ 67 kDa.
Du fait de la vascularisation ou des mécanismes de secrétions glandulaires, on retrouve de l’albumine dans les muscles, dans les secrétions sébacées (mammifères) ou uropygiales (oiseaux), dans le lait, et divers organes (abats).
Les œufs des oiseaux contiennent aussi des albumines dans le jaune : elles portent un nom différent (livétines) bien qu’étant identiques aux albumines sériques du volatile d’origine.
Plusieurs protéines ont un nom faisant penser aux albumines mais n’en sont pas du tout sur le plan des familles de protéines :
- Les parvalbumines (poissons),
- l’ovalbumine et la conalbumine (blanc d’œuf),
- la lactalbumine (lait),
- les 2 S-albumines (protéines de stockage des graines),
- les préalbumines (certaines lipocalines des phanères de mammifères).
Les albumines sont responsables de diverses associations allergiques, dont le syndrome porc-chat et le syndrome œuf-oiseaux (cf. Viandes, cf. œufs et oiseaux).
Des réactions allergiques per-opératoires sont exceptionnellement dues aux albumines (moins de 1% des cas du GERAP ).
Il a aussi été décrit une allergie respiratoire professionnelle à l’albumine .
Plus généralement, elles peuvent contribuer à des réactions croisées entre viande, lait et phanères, ou dans le cas des volailles entre viande, œuf et plumes.
Ces réactivités croisées sont dépendantes :
- du degré d’homologie entre les albumines concernées.
- La figure ci-dessous donne les pourcentages d’identité entre diverses albumines.
- Elle montre que l’albumine bovine est très proche de l’albumine ovine et que les albumines de mammifères croiseront difficilement avec les albumines aviaires .
- Une bonne homologie au niveau d’épitopes B est importante aussi, rendant moins directe la relation pourcentage d’identité globale /relativité croisée .
- Du degré de modification des protéines sous l’effet de la chaleur dans le cas d’un aliment cuit.
- La réactivité croisée des épitopes qui existait à l’état natif peut être abolie par modification des épitopes lors de la cuisson.
- Ceci est net pour les viandes, une allergie étant vue chez des patients sauf si la viande est très intimement cuite.
Les albumines ont une allergénicité inférieure à d’autres allergènes de mammifères si l’on se base sur la prévalence de leur positivité :
- en général les albumines des phanères de chat, chien, cheval, etc.… sont positives chez 20-40 % des patients . Cela résulte peut-être de la relative proximité de ces albumines vis-à-vis de l’albumine humaine (cf. graphiques ci-dessus) .
- Pour le chat, l’albumine serait dominante chez moins de 2 % des sujets et, en cas d’allergie au chat, la réactivité pour l’albumine serait toujours accompagnée d’une réactivité pour d’autres allergènes (ex. Fel d 1) .
- Dans le cas des oiseaux, les albumines jouent un rôle plus net, notamment dans le cas du jaune d’œuf. Ceci étant, il est très rare de rencontrer une allergie à l’œuf où la réactivité au jaune soit sans réactivité au blanc.
De nombreux travaux ont montré une large réactivité croisée entre albumines de mammifères : entre chat et chien, entre rat et souris, entre chat ou chien et cobaye ou cheval ou bœuf, etc...
Ces réactivités croisées ne sont cependant pas systématiques. par exemple :
- parmi des patients allergiques au cheval il a été trouvé : 39% de sujets positifs pour l’albumine de chien ou de chat, 16% pour celle du cheval, 12% pour le bœuf, 9% pour le rat et le lapin, 2% pour le porc et le poulet
- parmi des patients avec un TC positif pour le chat et positifs en CAP pour le chien et le cheval (41%), il était noté 83% de sujets positifs pour une albumine au moins : 21% positifs pour les 3 albumines (chat, chien, cheval), 17% pour 2 et 44% pour une seule. Une meilleure homologie chat-chien était retrouvée dans ces répartitions plutôt que chat-cheval
- parmi 60 patients allergiques à divers animaux et présentant une réactivité pour les albumines, celle-ci était relevée chez 85% pour chat et/ou chien, 75% pour le cobaye, 70% pour le cheval, 60% pour le lapin et le hamster, 50% pour le porc, le mouton, la souris ou le rat, mais seulement 20% pour le bœuf. A noter : 20% pour l’albumine de poulet et 1 patient pour celle de pigeon
Ces écarts de réactivité croisée montrent que certains épitopes d’albumines sont spécifiques de telle ou telle espèce .
Le niveau d’atopie joue sur cette réactivité croisée et des patients allergiques au chat et au chien présentent plus souvent des TC positifs pour d’autres mammifères que des patients allergiques au chat mais pas au chien :
Tests cutanés positifs | Cheval | Boeuf | Lapin | Porc | Cobaye |
---|---|---|---|---|---|
Allergiques au chat (n=6) | 3 | 2 | 1 | 0 | 2 |
Allergiques au chat et au chien (n=10) | 7 | 6 | 4 | 4 | 3 |
La barrière mammifères / oiseaux concernant la réactivité croisée des albumines n’est pas absolue : en plus de réactivités sériques déjà notées plus haut, Spitzauer avait noté que l’albumine de poulet pouvait donner une réponse positive avec un test cellaire (libération d’histamine) chez un patient allergique au chien .
Et, dernièrement, chez une patiente présentant une allergie respiratoire au porc et au chat ainsi qu’une allergie alimentaire au poulet, il a pu être montré une réaction croisée entre albumine de chat et albumine de poulet . Chez cette patiente, l’hémoglobine de porc semblait participer également au tableau clinique.