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Les Oléacées
dimanche 8 juillet 2012, par
Les pollens d’Oléacées sont la cause d’un nombre élevé d’allergies respiratoires, tant autour du bassin méditerranéen (olivier ) qu’en Europe d’une façon générale (frêne).
La réactivité au pollen d’olivier en tests cutanés peut concerner jusqu’à 70% des patients polliniques dans certaines régions d’Espagne .
Le schéma ci-dessous montre les filiations taxonomiques au sein des Oléacées, ainsi que la place du chalef (olivier de bohème ou Russian olive en anglais).
La pollinose pour des Oléacées comme le lilas ou le troène semble d’extension réduite : ces plantes sont entomophiles.
A noter cependant que l’espèce de troène classiquement étudiée (Ligustrum vulgare) n’est pas celle qui est habituellement utilisée en horticulture (L. ovalifolium).
Quand la floraison de ces Oléacées est synchrone avec celle de l’olivier ou des graminées, la réactivité croisée entre pollens rend délicate l’individualisation d’une pollinose à ces arbustes .
Un exemple classique de réponse positive par simple réaction croisée est l’olivier chez des patients allergiques au frêne et vivant dans une région où l’olivier ne pousse pas .
Mais le principal problème posé par le frêne réside dans le diagnostic différentiel d’une pollinose au frêne quand, dans l’environnement du patient, une pollinisation par le bouleau est significative.
Les allergènes des Oléacées
Les allergènes des pollens d’Oléacées sont très similaires entre eux, générant des réactions croisées fréquentes.
Mais des différences existent aussi, faisant préférer parfois l’espèce locale pour mieux explorer la réactivité : c’est le cas du frêne où les extraits de Fraxinus excelsior sont plus adaptés en Europe que ceux de Fraxinus americana .
De petites différences sont vues également entre les cultivars d’olivier et entre ceux utilisés en Europe et d’autres cultivars plantés ailleurs (ex : Californie) .
Le pollen d’olivier a principalement été étudié et, à l’heure actuelle, plus de 10 allergènes différents sont dénommés dans ce pollen (Ole e 1 à Ole e 11).
Depuis la caractérisation d’Ole e 1 en 1993 par Villalba , c’est pratiquement un nouvel allergène d’olivier identifié chaque année. La liste ne peut que s’allonger, car en blot bidimensionnel le pollen d’olivier montre plus d’une centaine de spots IgE-réactifs .
Le frêne a, lui aussi, reçu une attention particulière et, si le nombre d’allergènes dénommés dans ce pollen est plus faible, plus de 40 spots IgE-réactifs sont révélés en blot 2D avec le pollen de Fraxinus excelsior (cf. figure ci-dessous , reproduite avec l’aimable autorisation de Pascal Poncet).
Ce grand nombre de protéines IgE-réactives provient en partie de la présence d’isoformes multiples pour un même allergène.
Le phénomène n’est pas spécifique aux Oléacées et est amplifié par l’effet de la glycosylation variable des protéines et les différences de contenus en allergènes entre cultivars .
Cela pourrait expliquer, en partie, les variations importantes de contenus en allergènes observées entre les extraits commerciaux de pollen d’olivier .
Cette hétérogénéité pose aussi la question de la représentativité d’un recombinant unique comparativement au panel plus complet que représente un allergène naturel purifié.
Le tableau ci-dessous résume les principaux allergènes en commun dans les pollens d’Oléacées.
Famille | « Ole e 1-like » | Profilines | Polcalcine | LTP | β 1,3 glucanase |
---|---|---|---|---|---|
Olivier | Ole e 1 | Ole e 2 | Ole e 3 | Ole e 7 | Ole e 9 |
Frêne (F. excelsior) | Fra e 1 | Fra e 2 | Fra e 3** | Fra e 9 | |
Troène | Lig v 1 | * | |||
Lilas | Syr v 1 | * | Syr v 3 | ||
Forsythia | For s 1 | ||||
* existe mais sans nom IUIS ** à ne pas confondre avec Fra a 3 qui est la LTP de fraise, Fragaria ananassa et non la polcalcine du frêne américain (F. americana) |
Pour l’olivier il existe une relation entre degré d’exposition du patient et positivité à plusieurs allergènes : en Andalousie, une étude a montré que 75% des patients polliniques à l’olivier étaient positifs pour au moins 3 allergènes d’olivier ; et qu’un tiers étaient même positifs pour plus de 6 allergènes sur les 8 testés .
Les allergènes Ole e 1-like
Ces protéines ont vraisemblablement un rôle dans la progression du tube pollinique . Mais leur fonction précise reste vague. Certains auteurs leur attribuent une activité d’inhibiteur trypsique , ce qui reste à démontrer.
En plus des pollens d’Oléacées , on trouve des Ole e 1-like dans de nombreux autres pollens.
L’homologie entre les Ole e 1-like des Oléacées est forte (86-95 % d’identité), même si parfois, du fait des variantes moléculaires, on peut trouver une isoforme d’Ole e 1 (ex. Ole e 1.0104) ,plus proche des Fra e 1 (frêne) ou Lig v 1 (troène) que des autres isoformes d’Ole e 1 .
L’homologie entre les Ole e 1-like des Oléacées et celles des non-Oléacées est limitée :
- entre 32 et 39 % d’identité avec Ole e 1.0101 dans différents pollens : Lol p 11 (ivraie), Phl p 11 (fléole), Che a 1 (chénopode), Pla l 1 (plantain).
- Beta v 1 (pollen de betterave) est un peu plus proche d’Ole e 1.0101 (51% d’identité).
- dans le safran, Cro s 1 est aussi une Ole e 1-like (36% d’identité avec Ole e 1.0101 mais 97% avec Che a 1).
- La dénomination d’Ole e 1-like vaut donc plus, pour ces allergènes, sur le plan de la classification des protéines que sur celui de la réactivité croisée éventuelle.
- D’ailleurs cette dernière n’a pu être retrouvée entre Ole e 1 et Lol p 11, Phl p 11, Pla l 1 ou Che a 1 . Il a été parfois utilisé des anticorps animaux pour montrer une communauté antigénique , mais cela ne démontre pas qu’il existe une IgE-réactivité croisée chez l’homme.
A noter que d’autres protéines ont aussi une petite homologie (<40 %) avec Ole e 1, sans être pour le moment reconnues comme des allergènes :
- LAT52 (pollen de tomate), ZmC13 (pollen de maïs), une protéine dans le pollen de riz et une dans celui du pollen de bouleau (protéine « BB18 ») .
- Il est vraisemblable que ces protéines ne croisent pas non plus avec les Ole e 1-like des pollens d’Oléacées.
Les Ole e 1-like des Oléacées se distinguent par :
- La multiplicité des variants d’un même allergène
- L’existence d’isoformes tantôt glycosylées, tantôt non glycosylées pour un même allergène, ce dernier se présentant donc en blot sous des bandes différentes (ex. : 18 kDa, 20 kDa et dimère de 40 kDa ). Cela génère des difficultés opératoires ainsi que d’interprétation des blots (avec ou sans réduction) .
- La présence de chaînes glucidiques ayant une IgE-réactivité prouvée in vitro et suggérée in vivo (cf. Oléacées et CCD).
En tant qu’allergènes, les Ole e 1-like représentent la cause principale de positivité des tests diagnostiques, au moins du fait de leur bonne extractibilité depuis les grains de pollens.
Les prévalences de positivité in vitro pour Ole e 1 chez des patients polliniques à l’olivier varient, selon le degré d’exposition au pollen, de 50 % à plus de 90 % .
Il en est de même pour Fra e 1 pour le pollen de frêne : de 30 à plus de 90 % .
Bien sûr, ces taux se réfèrent à des populations qui sont en présence, soit de l’olivier (ex : Espagne), soit du frêne (ex : France, Allemagne). Car la réactivité croisée est extensive entre allergènes Ole e 1-like et l’existence simultanée de ces 2 pollens dans l’environnement rendrait difficile l’interprétation des données de positivité.
L’importance de cette réactivité croisée est donnée par un exemple : en France, parmi 13 patients sensibilisés au frêne, 12 avaient un test cutané positif pour Fra e 1, mais aussi 24 des 40 sujets ayant un test cutané positif pour l’olivier .
Sur le plan diagnostique, il peut donc être utile de tenir compte de l’environnement passé du patient : par exemple, un test positif pour le frêne du fait d’un contact sensibilisant antérieur avec l’olivier.
A contrario, si les critères cliniques font suspecter une pollinose au frêne, un test employant un allergène fortement croisant avec Fra e 1 peut s’avérer utile. C’est l’avis de Palomares, pour qui Ole e 1 peut être utilisé comme marqueur d’une sensibilisation aux Oléacées (frêne, mais aussi troène par exemple) .
Pour le moment, il n’est pas possible de tester en routine la réactivité in vitro vis-à-vis de nFra e 1, l’allergène naturel purifié, ni avec rFra e 1, bien que la production de ce dernier ait déjà été réalisée . Cela est possible avec rOle e 1. Ce dernier a donc été proposé comme témoin indirect d’une sensibilisation au frêne chez des sujets non exposés à l’olivier.
La récente mise à disposition de la forme recombinante rOle e 1 permet d’éliminer la confusion induite par une possible réactivité liée au CCD.
Les profilines des pollens d’ Oléacées
Ces allergènes ne se distinguent pas des profilines d’autres catégories botaniques, avec lesquelles elles croisent largement .
La prévalence de positivité pour Ole e 2 (olivier) ou Fra e 2 (frêne) a souvent été trouvée entre 25 et 35 % .
Des taux allant jusqu’à 70 % de positivité pour Ole e 2 ont été notés dans le sud de l’Espagne, en rapport avec une très forte exposition au pollen d’olivier .
Ces chiffres de prévalence pour la profiline de l’olivier traduisent bien la tendance Nord-Sud pour la réactivité aux profilines d’une façon général : faible en Scandinavie, forte en milieu méditerranéen (olivier, graminées, diverses herbacées).
Ils sont aussi le résultat d’une co-réactivité entre profilines de ces divers pollens car la pollinose à l’olivier (comme celle du frêne) est rarement une mono-pollinose .
C’est dans ce contexte de sensibilisation notable pour les profilines que se font jour des associations pollens-fruits/légumes dont le moteur est indépendant de causes comme le bouleau ou le latex.
Les polcalcines des pollens d’ Oléacées
La réactivité aux polcalcines chez les polliniques à l’olivier est de l’ordre de 20 à 40 %, avec une tendance à des taux plus élevés, en zone de forte exposition .
Pour le frêne, des chiffres de 5 et 32 % ont été notés en France .
Comme pour les profilines, les polcalcines croisent largement entre elles. C’est le cas bien sûr entre pollens d’Oléacées du fait d’homologies très élevées (87-90 % d’identités) mais aussi entre les polcalcines d’ Oléacées et celles de nombreux autres pollens .
Profilines et polcalcines sont, à ce titre, considérées comme des marqueurs d’une poly-réactivité pollinique.
A noter que la réactivité à ces profilines et/ou polcalcines a été promue par Valenta comme rendant l’indication d’une désensibilisation peu pertinente. Mais cette position a été assouplie pour les pollinoses en milieu méditerranéen … .
Les autres allergènes des pollens d’ Oléacées
Il s’agit avant tout d’allergènes caractérisés dans le pollen d’olivier :
- Ole e 4 : cet allergène de 32 kDa, sans homologie ni fonction connue aurait une forte prévalence de positivité (80 % selon ).
- Ole e 5 est une Cu/Zn superoxyde dismutase (SoD) dont la positivité se situe entre 35 et 40 % parmi les polliniques à l’olivier . La réactivité croisée d’Ole e 5 avec d’autres protéines homologues n’a pas été explorée. Elle pourrait se justifier car des pourcentages d’identité élevés ont été relevés dans d’autres produits : 74 % avec une Cu/Zn SoD dans le latex ou 85 % dans la tomate, par exemple.
- Ole e 6 est une petite protéine de 50 acides aminés, dont la réactivité est évaluée entre 15 et 55 % des polliniques à l’olivier .
- Ole e 7 est une LTP trouvée positive chez 47 à 89 % des polliniques à l’olivier . Le rôle d’Ole e 7 dans le « syndrome LTP » rencontré en milieu méditerranéen n’est pas clairement défini (cf. plus loin).
- Ole e 8 est une protéine apte à lier le calcium. Mais, contrairement à Ole e 3 (polcalcine avec 2 sites de liaison, dite « 2EF »), Ole e 8 est une « 4EF ». Elle se présente sous la forme d’une bande de 20 kDa, très différente de celle d’Ole e 3, et peut dimériser. C’est plutôt une protéine régulatrice (calmoduline) qu’une protéine de transport du calcium.
- L’IgE-réactivité d’ Ole e 8 est dépendante de la présence de calcium et il a été trouvé 5 à 8 % de positivité pour Ole e 8 chez des polliniques à l’olivier .
- Une réactivité croisée entre Ole e 3 et Ole e 8 est possible , de sorte que tous les sujets positifs pour Ole e 8 étaient positifs pour Ole e 3 dans une étude espagnole .
- Des allergènes ou protéines homologues semblent exister dans d’autres pollens : des Oléacées (frêne , lilas), des Cupressacées (genévriers), des graminées (ivraie, Cynodon) . La réactivité croisée d’Ole e 8 avec ces protéines reste à montrer. Elle pourrait être inexistante si l’on tient compte des faibles taux d’homologie, en dehors des Oléacées : par exemple 28 % d’identité seulement entre Ole e 8 et Jun o 4 (pollen de cade) .
- Ole e 9 est une glycoprotéine de 46 kDa appartenant au groupe des bêta 1,3 glucanases (B1,3G) .
- On distingue des B1,3G « courtes » (ex : Hev b 2 dans le latex) et des « longues » (environ 45 kDa ). Ces dernières ont un domaine C-terminal en plus.
- Ole e 9 est une B1,3G « longue » dont le domaine C-terminal a une certaine homologie avec un autre allergène de l’olivier, Ole e 10. D’ailleurs l’IgE-réactivité d’Ole e 9 nécessite, pour être complète, la participation de ses 2 domaines (N- et C-terminaux) .
- On trouve, en plus du latex, des B1,3G dans divers aliments végétaux. Par méthode bioinformatique, la B1,3G de banane aurait des épitopes B potentiels placés aux mêmes endroits qu’Ole e 9 . Des bandes inhibables par un fragment d’Ole e 9 ont été montrées dans la tomate et le poivron (ainsi que le latex, le frêne et le bouleau) . Néanmoins, la réalité d’une réactivité entre Ole e 9 et protéines ou allergènes alimentaires n’est pas fermement établie.
- Comme pour Ole e 7, la positivité pour Ole e 9 augmente avec le degré d’exposition au pollen d’olivier (ex. Andalousie). On attribue à ces positivités un risque accru d’asthme
- Il a été décrit un cas de rhino-conjonctivite professionnelle chez un chercheur ayant travaillé 5 ans sur Ole e 9 !
- Ole e 10 est un allergène en soi, bien que présentant 53 % d’identité avec le domaine C-terminal d’Ole e 9 .
- Ole e 10 a la capacité de se lier à des chaînes glucidiques (ex : les B1,3 glucanes) et est placé dans la famille CBM43 dans la base CAZY qui recense les protéines impliquées dans des interactions avec les glucides .
- Ole e 10 n’est pas glycosylé et migre sous la forme de 2 bandes (10,4 et 11,6 kDa).
- L’homologie d’Ole e 10 avec Ole e 9 permet une réactivité croisée entre ces 2 allergènes, et environ 90 % des sujets positifs pour Ole e 9 le sont aussi pour Ole e 10 .
- Un équivalent d’Ole e 10 pourrait exister dans le frêne, ce pollen ayant été montré inhiber la réactivité à Ole e 10 . Mais ce résultat peut provenir aussi d’une inhibition par la B1,3G du frêne, Fra e 9.
- D’autres produits d’origine végétale ont été testés vis-à-vis d’Ole e 10 et seule la pomme de terre inhibe significativement (>50 %) Ole e 10 . On ignore tout à fait si ce résultat indique une relation possible olivier-pomme de terre au niveau clinique.
- Ole e 11 a été récemment caractérisé :
- c’est une pectine méthyl-estérase d’environ 40 kDa. On connaît d’autres pectine estérases (ex : Bet v 8 dans le pollen de bouleau) mais l’analyse de la réactivité croisée d’Ole e 11 reste à étudier.
- Une β galactosidase de 46 kDa croisant avec une protéine homologue dans le cyprès a été montrée capable de réactivité in vitro et en tests cutanés . Sa présence a été confirmée par Poncet .
- D’autres protéines IgE-réactives ont été repérées dans le pollen d’olivier : une alpha-mannosidase , une malate deshydrogénase, une réductase (34 kD) et une protéine de transport glucidique , une glycoprotéine de 36 kD .
Réactions croisées entre pollens d’Oléacées
De multiples travaux ont montré une très large réactivité croisée entre différents pollens d’Oléacées ou entre allergènes Ole e 1-like provenant de ces pollens.
Un exemple : parmi 15 patients mono-polliniques à l’olivier, 14 sont positifs en tests cutanés pour le frêne, le troène ou le lilas .
L’olivier est rencontré sur tout le pourtour du bassin méditerranéen (cf. carte ci-dessous)
Il est planté aussi dans certaines régions d’Amérique du Nord et du Sud, en Afrique du Sud, en Australie.
Le frêne élevé (Fraxinus excelsior) est vu en Europe moyenne, dans le pourtour méditerranéen, dans le couloir rhodanien .
L’espèce Fraxinus ornus, pollinisant en mai, est rencontrée en milieu urbain ou dans certaines régions comme le Pays Basque.
Aux USA est rencontrée une autre espèce de frêne, Fraxinus americana.
Si la saison pollinique de l’olivier est avril-juin, celle du frêne est mars-avril et donc se superpose plus ou moins avec la période de pollinisation du bouleau .
Une réactivité sérique ou cutanée isolée pour l’olivier ou le frêne est rare :
- Entre 2 et 16 % des sujets positifs pour l’olivier . Chez ces patients mono-polliniques à l’olivier, les symptômes respiratoires se prolongeraient volontiers au-delà de la saison pollinique .
- Entre 0 et 12 % des sujets mono-positifs pour le frêne , un travail mené à Paris donnant environ 30 % .
Dans la grande majorité des cas, les patients ayant des tests diagnostiques positifs (ou une pollinose attestée) pour l’olivier ou le frêne, ont aussi une réactivité pour d’autres pollens. Il est fréquent de ne pouvoir clairement distinguer chez ces patients la part d’une réactivité croisée de celle d’une véritable sensibilisation à ces pollens.
Par exemple, en Alsace, parmi 40 patients avec une pollinose printanière et positifs pour le frêne (TC et/ou CAP), 38 sont aussi TC positifs pour le bouleau, 21 pour les graminées, 18 pour diverses herbacées, etc.… .
Le partage entre réactivité croisée (homologies entre protéines) et terrain atopique est également difficile à différencier.
- Ainsi, dans une région fortement exposée au pollen d’olivier (Cordoue), il a été observé jusqu’à 56 % de tests cutanés positifs pour le frêne . On comprend que ce taux représente la trace d’une réactivité croisée due à l’olivier.
- Mais si l’on compare les sujets positifs pour le frêne à ceux qui sont négatifs pour le frêne, on constate des écarts importants pour la réactivité à l’olivier (92 % vs 41 %) et encore plus grands s’agissant du cyprès (62 % vs 0 %). On peut donc penser que les sujets réagissant au frêne représentent une sélection de sujets ayant un degré plus important de susceptibilité atopique.
Au total, on comprend d’autant mieux l’apport des tests basés sur des allergènes purifiés ou recombinants qui seraient caractéristiques d’un pollen particulier et qui permettraient de poser le diagnostic d’une véritable sensibilisation à ce pollen.
- C’est le cas pour le bouleau (rBet v 1), pour les graminées (rPhl p 1 et/ou p 5), pour la pariétaire (rPar j 1 et/ou j 2).
- C’est aussi le cas pour l’olivier (nOle e 1) et indirectement pour le frêne (nOle e 1 positif sans contact avec le pollen d’olivier), pour autant qu’une IgE-réactivité anti-CCD soit absente (cf. Oléacées et CCD).
Réactions croisées entre Oléacées et d’autres pollens
Il est difficile de généraliser, à moins d’une absence totale de réactivité croisée, car les résultats publiés proviennent de patients dont l’environnement pollinique diffère d’une étude à l’autre.
Par exemple, si le bouleau a donné des résultats parfois positifs avec l’olivier (ou le frêne), une absence de réaction croisée était notée ailleurs.
Plus précis sont les travaux utilisant un allergène pur/recombinant. On voit ainsi que le bouleau n’inhibe pas nOle e 1 (donc pas d’Ole e 1-like dans le bouleau) et que le frêne n’inhibe pas le bouleau (donc pas de Bet v 1-like dans le frêne) .
Des tests basés sur des extraits et non des allergènes purs/recombinants peuvent aboutir à une réactivité croisée du fait de panallergènes (profilines, polcalcines) et/ou de CCD, sans qu’il n’y ait une « pollinose croisée » cliniquement.
Globalement, il a été observé des réactions croisées dans certaines études et/ou pour certains patients et pas d’autres s’agissant de l’olivier (ou du frêne) avec le bouleau, des graminées, le platane, l’armoise, le chénopode, etc…
Le cas de l’olivier de Bohème (Elaeagnus angustifolia) est intéressant.
- Cet arbre, botaniquement éloigné des Oléacées (cf. schéma taxonomique), croît dans des zones arides mais est planté aussi en milieu urbain.
- Une inhibition du pollen d’olivier par le l’olivier de Bohème (OB) a été montrée chez des patients ayant des tests cutanés positifs pour l’olivier mais non exposés à ce dernier .
- Ici, la positivité pour l’olivier pouvait provenir de la présence de frênes.
- Dans une autre cohorte de patients, provenant elle de Madrid, il a été trouvé 30 % de tests cutanés positifs pour OB chez des polliniques. Et tous ces sujets étaient positifs aussi pour l’olivier . En ELISA-inhibition, l’olivier inhibait partiellement OB, tandis que ce dernier n’avait pas d’effet sur l’olivier.
Dans ce travail, comme dans le précédent, la preuve d’une pollinose croisée n’est pas apportée avec ces résultats.
On ne peut pas dire que le frêne dans un cas ou l’olivier dans l’autre, ont été à l’origine d’une réactivité pour OB.
Pour établir ce lien, il faudrait, en premier lieu, montrer la présence dans le pollen d’OB, d’allergènes homologues d’allergènes caractéristiques de l’olivier ou du frêne.
Réactions croisées entre pollens d’Oléacées et aliments végétaux
Les pollens d’olivier et de frêne sont peu spécifiques d’une allergie alimentaire croisée. Il est vrai qu’une réactivité à l’olivier s’accompagne souvent de réactivités à d’autres pollens .
Parmi les allergènes d’olivier ou de frêne qui pourraient susciter une réactivité alimentaire pollen-induite, on trouve des profilines, des LTP, et des β 1,3 glucanases.
- Le rôle de ces dernières est mal cerné et des études complémentaires seraient nécessaires.
- Les profilines jouent un rôle dans le cas de l’olivier , mais probablement en coopération avec des profilines d’autres pollens (graminées, herbacées), pollens qui composent fréquemment un tableau de polypollinose.
Le cas de la LTP d’olivier, Ole e 7, serait plus pertinent quand on sait la fréquence des pollinoses à l’olivier concurremment à des allergies aux fruits des Rosacées en milieu méditerranéen.
- Cependant, plusieurs études de réactivité croisée semblent concorder pour conclure à une absence ou à un très faible impact d’Ole e 7 en soi dans les réactions aux aliments contenant des LTP .
- Une réactivité pour Ole e 7 est pourrait être le résultat d’une forte exposition au pollen d’olivier et/ou une susceptibilité atopique élevée. De la sorte, le léger excédent de réactions sévères à des aliments observé en Espagne si Ole e 7 est positif pourrait n’être qu’un épi-phénomène d’une sensibilisation directe aux LTP alimentaires. Dans l’étude EXPO un tiers des patients rapportant un syndrome oral avait un pru p 3 positif, mais seulement 22% des patients Pru p 3 positifs étaient Ole e 7 positifs .
Pollens d’Oléacées et CCD
(voir aussi : Les CCD)
Les pollens d’Oléacées contiennent des glycoprotéines, notamment les allergènes Ole e 1-like et les β1,3 glucanases. Il n’est donc pas surprenant qu’une réactivité de type CCD ait pu être relevée avec ces pollens .
La glycosylation d’Ole e 1 a reçu une attention particulière : en plus de se présenter sous 2 formes, l’une glycosylée et l’autre pas, Ole e 1 se distingue par la nature de sa chaîne glucidique : peu ou pas de fucose et une majorité de chaînes M7 hyper-mannosylées (ayant 7 mannoses terminaux) ou de type GnGnX .
Pour Hemmer, le pollen d’olivier contient cependant une proportion notable de chaînes glucidiques fucosylées .
Ole e 1 présente une réactivité, tant in vitro qu’en histamino-libération, du seul fait de ses chaînes glucidiques .
Le recombinant rOle e 1 exprimé dans la levure Pichia pastoris a une IgE-réactivité comparable à celle de nOle e 1, la forme naturelle de l’allergène . Cela n’est pas le cas en TC ou en histamino-libération .
La conservation de la réactivité semble meilleure avec rFra e 1 issu de P. pastoris , mais pas avec rSyr v 1 (lilas) ni avec rLig v 1 (troène) ..
Sachant que le frêne inhibe aussi bien la forme glycosylée que la forme non glycosylée de nOle e 1 , ces constatations montrent une double réactivité pour Ole e 1 (et vraisemblablement pour Fra e 1 également) : d’une part du fait d’épitopes classiques peptidiques, non influencés par la glycosylation, et d’autre part du fait d’épitopes glucidiques de type GnGnX.
Ces 2 réactivités étant indépendantes, il n’en reste pas moins que les résultats in vitro pour l’olivier sont quand même susceptibles d’être augmentés (voire positivés) par la présence chez le patient d’IgE anti-CCD.
Par exemple, une étude a montré que la réactivité in vitro pour l’olivier chez les alcooliques, négatifs en TC pour ce pollen, provenait d’une interférence de type CCD .
S’agissant du frêne, Poncet estime qu’une réactivité IgE plus ou moins restreinte à Fra e 1 s’accompagne rarement d’IgE anti-CCD, tandis qu’une polyréactivité contre diverses protéines (de hautes masses moléculaires notamment) implique des réactivités anti-CCD .
Olive et huile d’olive
Les cas d’allergie à l’olive semblent exceptionnels.
- Dans l’observation d’Azofra , la patiente n’était pas pollinique pour l’olivier et tolérait l’huile d’olive.
- Si cette dernière est donnée pour anallergique et est absente des revues sur l’allergie aux huiles , elle n’est pourtant pas dénuée de protéines, de même que l’olive .
En contenu en protéines subsistant dans le produit consommé, l’huile d’olive (vierge ou raffinée) ne contient guère moins de protéines que l’huile d’arachide ou celle de soja, ou de tournesol .