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Les escargots terrestres
Tuesday 17 March 2009, by
L’allergie aux escargots terrestres a été principalement décrite dans les pays où ces Mollusques sont traditionnellement consommés (ex. France, Italie, Portugal) . Ce sont surtout les escargots du genre Helix qui ont été étudiés.
L’allergie aux escargots n’est pas restreinte aux adultes et inclut volontiers un bronchospasme. Des réactions fatales ont été rapportées et la gravité potentielle des réactions aux escargots est reflétée par le nombre important de cas enregistrés par le Réseau d’Allergo-Vigilance (28 déclarations sur un total de 900 en mai 2010).
Allergie aux escargots : diagnostic
L’imputabilité des escargots dans une réaction alimentaire est en partie dépendante des dires des patients car les conditions pour établir un diagnostic certain (TPO, voire TPL) sont rarement rassemblées en pratique courante. C’est le cas aussi pour nombre de publications concernant les escargots et rares sont les cohortes étudiées par TPO .
Les extraits pour TC ou tests in vitro, habituellement obtenus à partir d’un produit cru, sont également la source potentielle d’un manque de pertinence clinique.
Les allergènes des escargots terrestres
Rien de bien précis. Les réactivités en blot sont très souvent variables d’un patient à un autre .
Une tropomyosine a été caractérisée dans Helix aspersa (Hel as 1).
- Lourenço Martins souligne l’importance en blot de bandes ayant une masse élevée (> 200 kD) et fait l’hypothèse de chaînes lourdes de myosine.
- Guilloux remarque des réactivités en blot à 50 kD et plus, lesquelles sont majoritairement thermostables.
L’IgE-réactivité pour la tropomyosine est faible : 18% de positivité in vitro dans la série d’Asturias et 1 cas/21 avec une bande compatible (37 kD) pour les patients de Lourenço Martins .
La tropomyosine ne semble constituer l’allergène principal des escargots terrestres .
Escargots terrestres : polyréactivité / monoréactivité
La réactivité à plusieurs espèces d’escargots a été peu étudiée.
- Van Ree montre une forte corrélation in vitro entre les résultats pour Helix aperta et ceux pour Eobania vermiculata.
Escargots et acariens
La relation entre acariens domestiques (principalement Dermatophagoïdes) et escargots terrestres a été étudiée par de nombreuses équipes. Les résultats observés sont variables, en partie dépendants du mode de sélection des patients et des tests utilisés (tests cutanés commerciaux ou natifs, extraits sur escargots crus ou cuits) .
Chez les patients allergiques aux acariens (ou avec des TC positifs pour les acariens) on trouve entre 8 et 31% de TC positifs pour l’escargot . Et parmi ceux-ci une proportion élevée de sujets n’a jamais consommé d’escargots (60 à 100% des sujets, selon les cohortes).
In vitro, des prévalences élevées ou faibles (moins de 2%) ont été relevées, ceci dépendant probablement de la pertinence des extraits commerciaux ou non.
L’allergie aux escargots semble rare, voire absente, chez des sujets tout-venant sensibilisés aux acariens et en dehors de toute immunothérapie .
A l’inverse, la prévalence de réactivité pour les acariens chez les allergiques (ou TC positifs) aux escargots est très élevée : entre 80 et 100% d’allergie (ou TC ou RAST positifs) aux acariens chez ces sujets . Rares sont les observations d’allergie aux escargots sans allergie aux acariens .
Au total, il semble bien que la réactivité pour l’escargot soit concomitante à la sensibilisation aux acariens dans la plupart des cas. Certains travaux ont souligné, plus généralement, l’atopie comme facteur de risque de réactivité pour l’escargot .
S’agit-il de réactivité induite (allergie croisée) ou de coïncidence de 2 réactivités (simple effet d’un état atopique prononcé) ?
Clairement, les acariens semblent responsables de la réactivité pour les escargots car d’autres témoins de l’atopie (pollinose ou allergie au chat) ne sont pas des facteurs de risque pour l’escargot.
Et si, parfois, la réactivité à l’escargot apparaît avant celle vis-à-vis des acariens , l’induction par les acariens d’une réactivité pour les escargots est de plus suggérée par :
- la dissymétrie des réactions croisées : l’acarien inhibe in vitro l’escargot mais pas ou peu l’inverse
- la prévalence d’une réactivité sérique ou cutanée pour l’escargot, mais sans allergie, chez les sujets qui consultent pour une allergie respiratoire perannuelle
Il n’est pas utile de demander « préventivement » un test escargot chez un sujet allergique aux acariens.
Escargots et immunothérapie spécifique aux acariens
Un débat existe cependant au sujet de la relation acariens-escargots dans le cadre de l’immunothérapie (IT) d’une allergie aux acariens .
- Des réactions très sévères lors de l’ingestion d’escargots chez des enfants (n=4) sous IT ont conduit à questionner la responsabilité de l’IT dans la genèse d’une allergie aux escargots.
- Il a aussi été observé des cas de réaction cutanée aux points d’injection d’IT après ingestion d’escargots .
- L’induction de cette réactivité pourrait être expliquée par la présence d’allergènes peu (ou moins) représentés dans les extraits pour IT que dans les composants d’acariens inhalés indoor (ex. féces), ou par le mode particulier de présentation des allergènes (voie sous-cutanée vs voie respiratoire) .
- A ce sujet, on manque d’études concernant la relation acariens-escargots avec la voie sublinguale.
Quelle est la fréquence d’une IT chez les allergiques aux escargots ?
- Meglio n’en a trouvé aucun cas parmi ses 82 patients, mais des fréquences très différentes ont été publiées : 18% (n=41 ), 50% (n=12 ), 57% (n=28 ), 85% (n=7 ).
L’immunothérapie induit-elle une allergie aux escargots ?
- Même s’il faudrait que cette néo-allergie soit établie sur des critères solides, comme un TPO avant/après IT , les travaux publiés semblent montrer que l’IT aggrave une allergie (ou une réactivité) préexistante pour les escargots mais ne crée une néo-allergie aux escargots qu’exceptionnellement :
- Tomaz trouve 6 RASTs escargots positifs sous IT, contre 3 avant ; pas de néo-allergie cependant (n=0/169). Dans une autre étude Portugaise portant sur 159 patients, s’il était constaté 3 cas de positivation de la tropomyosine rPen a 1 après 1 an d’IT, aucun des patients n’avait développé une néo-allergie aux escargots
- Les 4 observations d’anaphylaxie aux escargots sous IT relatés par Pajno concernaient des enfants ayant déjà manifesté des réactions cliniques avec les escargots avant IT.
Au total, l’induction d’une allergie aux escargots par l’IT aux acariens semble rare et non clairement démontrée .
Si la sensibilisation aux acariens induit une réactivité (cutanée, sérique) pour les escargots, des protéines d’escargots doivent être homologues d’allergènes d’acariens.
- On a longtemps suspecté les tropomyosines, ces allergènes étant répandus parmi tous les invertébrés.
- Mais la plupart des auteurs s’accordent plutôt pour la responsabilité d’autres allergènes .
- On ignore donc, pour l’instant, quels allergènes sont le support de la relation acariens-escargots. Il est probable que ces allergènes sont partagés avec d’autres mollusques que les escargots (cf. Escargots et mollusques marins).
Escargots terrestres et mollusques marins
Sidenius estime à 50% la proportion des sujets réagissant à des gastéropodes marins chez les allergiques aux escargots terrestres .
La relation escargots-mollusques marins semble se concentrer sur les gastéropodes :
- De la Cuesta observe 2 cas d’allergie aux patelles parmi 10 patients allergiques aux escargots, mais pas d’allergie aux mollusques marins bivalves (ex. moules) ou céphalopodes (ex. calamar) .
- De même Vuitton note un TC positif pour le bulot chez 9 sujets parmi 38 patients ayant un TC positif escargot ; mais montre aussi que 3 des 7 allergiques aux escargots tolèrent les mollusques marins
- Van Ree montre une corrélation étroite des résultats in vitro entre des gastéropodes marins (patelles, murex) et l’escargot Helix aperta.
- Enfin il a été observé des réactions cliniques pour l’escargot chez 2 sujets parmi 5 allergiques aux patelles et 8 RASTs positifs Helix aspersa parmi 17 RASTs positifs pour l’ormeau Haliotis midae .
Le support moléculaire de cette association n’est pas caractérisé.
Escargots terrestres et crustacés
Si l’on observe une prévalence non négligeable de sujets réagissant à la fois aux acariens et aux crustacés, l’association escargots-crustacés, sans sensibilisation aux acariens, semble exceptionnelle, voire inexistante .
- La positivité in vitro pour la crevette observée par van Ree chez 4 sujets parmi 27 allergiques à l’escargot est, en fait, induite par une sensibilisation aux acariens : l’escargot ne parvient pas à inhiber in vitro la crevette.
- Et l’allergie à la crevette apparaissant sous immunothérapie aux acariens chez un patient de la série de Tomaz ne s’est pas accompagnée d’une allergie à l’escargot.
Connaissant la prééminence des tropomyosines dans la sensibilisation aux crustacés, ces observations soulignent la faible implication des tropomyosines dans l’association acariens-escargots.
- Poulos trouve seulement 6 RASTs positifs pour la tropomyosine d’Helix aspersa (Hel as 1) parmi 32 sujets allergiques aux escargots.
Au total, un patient allergique aux crustacés et aux escargots s’est probablement sensibilisé indépendamment à ces deux sortes d’animaux. La situation est moins claire dans les pays où l’on consomme une très importante quantité de crustacés et de mollusques (ex. Hong Kong ).
Escargots terrestres et CCD
(voir aussi: Les CCD)
On ignore à peu près tout de l’éventuelle glyco-réactivité des extraits d’escargots in vitro.
- L’hémocyanine d’Helix pomatia contient des glycanes en partie xylosylés .
- Et un anticorps IgG reconnaissant des glyco-épitopes sur la fructosidase de carotte détecte aussi des hémocyanines .
Une étude portant sur 4 espèces différentes d’escargots a confirmé la présence de N-glycannes, y compris de structures β-1,2 xylose, compatibles avec une éventuelle réactivité croisée avec des glycoprotéines végétales
La réalité et l’importance d’une réactivité CCD-sensible dans les tests in vitro commercialisés restent cependant à étudier.