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Les Astéracées (Lactucées, artichaut...)
Sunday 15 August 2010, by
Les Astéracées sont une très vaste famille botanique. Ces plantes ont impact allergologique important du fait de leur pollinisation : l’ambroisie et l’armoise sont des Astéracées.
Mais de nombreux produits alimentaires sont également tirés de la famille des Astéracées, certains ayant une allergénicité qui n’est pas qu’anecdotique : c’est le cas pour les graines de tournesol et pour diverses espèces dont on consomme les feuilles et autrefois regroupées sous la dénomination de Lactucées (laitue, endive, etc..).
La classification actuelle divise la grande famille des Astéracées en sous-familles :
- parmi les Carduées on notera l’artichaut (Cynara scolymus), et le cardon (Cynara dracunculus)
- les Cichoriées regroupent diverses salades : la laitue (Lactuca sativa), le pissenlit (Taraxacum officinale), la scarole ou chicorée (Cichorium endivia) et l’endive (Cichorium intybus Witlof). On y trouve aussi la chicorée à café (Cichorium intybus), le salsifis (Tragopogon porrifolius) et le scorsonère (Scorzonera hispanica), ce dernier étant souvent vendu comme du salsifis.
- dans le groupe de l’ambroisie (Hélianthées) se trouvent le tournesol (Helianthus annuus), le topinambour (Helianthus tuberosus) et une plante donnant un latex, la guayule (Parthenium argentatum)
- dans le groupe de l’armoise (Anthémidées) sont présents l’estragon (Artemisia dracunculus), l’absinthe (Artemisia absinthium), la camomille (Matricaria chamomila), etc..
- enfin la graine de Niger (Guizotia abyssinica), utilisée parfois comme nourriture de volière, fait partie des Melleriées. Elle peut susciter des réactions allergiques .
La fréquence des réactions alimentaires aux Astéracées est mal connue :
- le Réseau d’Allergo-Vigilance donne 2 cas pour l’endive et 1 pour l’artichaut (mai 2010)
- 2 cas d’allergie au topinambour, l’un en Italie , l’autre en Belgique : les patientes présentaient des pollinoses différentes et la preuve d’un lien pollen-topinambour reste à établir
- un test de provocation labiale positif pour le salsifis a été constaté chez une patiente et un prurit cutané au contact du salsifis chez une autre patiente, les deux étant allergiques à l’artichaut . Plus grave était la réaction d’un patient au salsifis et à l’artichaut du fait d’une réactivité vis à vis de l’inuline contenue dans ces aliments .
Le cas de le chicorée et de l’inuline
L’inuline (et son dérivé oligofructose) sont des polysaccharides de plus en plus utilisés en industrie alimentaire. L’inuline est extraite de la racine de chicorée, mais est présente aussi dans l’artichaut, le topinambour ou la patate douce.
L’inuline peut-elle en soi être allergisante ? Dans les observations rapportées par les auteurs Lillois , un test cutané positif était obtenu avec l’inuline, mais la mesure d’une IgE-réactivité in vitro vis à vis de l’inuline s’est révélée infructueuse. S’agit-il d’un contaminant protéique associé à l’inuline ?
La culture de la chicorée à café est répandue en Belgique et la racine de cette plante sert en partie pour en extraire l’inuline. Une très intéressante observation d’allergie professionnelle à la poudre de cette chicorée a été rapportée par Pirson :
- ce patient s’est sensibilisé par voie aéroportée à des allergènes présents dans la poudre de chicorée et a développé une rhino-conjonctivite et un asthme rythmés par les séquences de travail et les périodes de fabrication dans l’année
- par la suite se sont manifestés des réactions allergiques vis à vis de produits alimentaires habituellement associés à une pollinose au bouleau : les réactions survenaient tant à l’épluchage qu’à l’ingestion des aliments crus (syndrome oral). Cependant le patient n’avait jamais manifesté de symptômes polliniques au moment de la pollinisation du bouleau
- ces derniers sont apparus dans un troisième temps.
- la réactivité de ce patient portait sur des PR-10 : Bet v 1 inhibait effectivement une bande de 17 kDa dans le blot chicorée
- On est donc en présence d’une association pollen aliments inversée. Ce qui mérite d’être souligné, car le dogme s’agissant du bouleau est plutôt que l’induction d’une réactivité pour les aliments est dépendante d’une sensibilisation préalable à Bet v 1.
- il est possible que la voie respiratoire soit plus efficace que la voie digestive pour les PR-10 et que la poudre de chicorée soit sensibilisante par cette voie, à l’instar du pollen des Bétulacées.
L’artichaut
L’artichaut consiste en un bouton floral.
Quelques cas d’allergie à l’artichaut ont été publiés, principalement en Italie et en Espagne . Une anaphylaxie alimentaire est possible .
Un test cutané positif pour l’endive (sans allergie) a été rapporté dans un cas d’allergie à l’artichaut . Inversement, un TC positif pour l’artichaut a été trouvé chez un patient allergique à la laitue . Des communautés moléculaires sont suggérées par ces observations pour ces produits qui sont issus de la même famille botanique.
Si une pollinose n’est pas rare chez ces patients, une réactivité de type LTP est aussi suspectée :
- dans une observation l’IgE-réactivité pour l’artichaut était inhibée par Pru p 3 . Plus surprenante était l’inhibition également par Par j 1 et Par j 2, les LTP de pariétaire : on sait, en effet, que ces allergènes de pariétaire, bien que classés comme des LTP, ne croisent habituellement pas avec d’autres LTP.
- dans un autre travail, concernant 2 cas d’allergie respiratoire professionnelle à l’artichaut, la pariétaire se montrait là aussi capable d’inhiber l’IgE-réactivité vis à vis de l’artichaut
- et parmi 27 patients Espagnols polliniques à la pariétaire, 3 rapportaient des réactions alimentaires avec l’artichaut, dont 2 s’inscrivant dans un syndrome LTP .
L’artichaut pourrait donc être un aliment "LTP".
Les salades « Lactucées »
Parmi les plantes herbacées consommées en tant que "salades", on trouve principalement des plantes de la famille des Astéracées, sous-famille des Cichoriées (ou « Lactucées »).
La mâche est une Valérianacée, et le cresson et la roquette sont des Brassicacées.
Quelques cas isolés d’allergies à des Lactucées ont été rapportés, une seule étude faisant état d’un nombre plus conséquent de patients .
Ces réactions alimentaires sont donc rares, plus rares que les dermites de contact à ces produits dans un contexte professionnel. Notamment avec les Lactucées du fait du latex que ces plantes contiennent.
Une vérification de l’allergie par TPO est rarement pratiquée .
Pour le moment, on n’a caractérisé qu’un allergène précisément, Lac s 1 dans la laitue, qui est une LTP . Lac s 1 se présente sous 2 isoformes ayant (seulement) 62% d’identité entre elles.
Une positivité en blot pour Lac s 1 a été trouvée chez 90% des patients allergiques à la laitue, dans une série catalane .
Lac s 1 montre une homologie significative avec d’autres LTP : 66% avec Pru p 3 (pêche) ou 72% avec la portion N-terminale de Pla a 3 (platane).
Une suspicion de rubisCO IgE-réactive dans la laitue est justifiée par la présence de réactivités en blot compatibles avec cette enzyme (40-50 kDa) , ainsi que par un anticorps anti-rubisCO .
On sait que la rubisCO est présente dans les feuilles de tous les végétaux, et plus généralement dans les parties vertes des plantes.
Une profiline serait logique aussi mais n’a pas été caractérisée pour le moment dans le cas de la laitue. Pour l’endive, des cas rapportés en Belgique et en France montrent une négativité pour les profilines (Bet v 2 négatif) .
Un travail italien concernant l’endive faisait supposer une LTP dans ce produit, mais les preuves manquent .
Une pollinose en particulier est-elle associée à des réactions alimentaires avec les salades ?
- Il ne semble pas, la série catalane de San Miguel-Moncin posant, comme pour d’autres aliments de "type LTP", la question du primum movens : pêche ou pollen ?
Ici, même si la positivité systématique pour le platane et très fréquente pour l’armoise (8 cas/14) semble plaider en faveur d’une allergie à la laitue induite par une sensibilisation préalable à des LTP polliniques (Pla a 3, Art v 3), le statut atopique des patients (7 anaphylaxies à la laitue) et leur allergie à la pêche (8 cas) justifie l’autre hypothèse, à savoir atopie + pêche -> allergie croisée LTP (ex. laitue) et large pollinose (ex. platane).
Ce pourrait être le même mécanisme dans d’autres observations d’allergie à la laitue , lesquelles sont parfois sévères .
Des pollens divers s’avèrent coïncider avec une allergie aux salades :
- bouleau avec mâche et/ou endive
- pariétaire ou graminées avec roquette
- ambroisie avec laitue
- platane et armoise avec laitue
- mono-pollinose armoise avec laitue .
En fait, cette diversité reflète la variété des environnements polliniques et n’est pas en faveur d’un lien moléculaire uniquement LTP .
Bien que l’armoise soit souvent présente, les végétaux consommés en salade n’apparaissent pas non plus accompagner un syndrome bouleau-armoise-céleri.
Des réactions croisées entre salades, au moins entre Lactucées, seraient plausibles. Elles n’ont pas été clairement étudiées. Par contre, des TC positifs et/ou des allergies ont été rapportées pour :
Enfin, il est intéressant de noter :