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La banane
lundi 12 avril 2010, par
Malgré sa très large consommation, la banane est à l’origine d’un nombre relativement réduit d’accidents allergiques sévères :
– Pumphrey révèle 1 cas parmi 63 anaphylaxies alimentaires fatales
– le réseau d’Allergo-Vigilance donne 8 cas parmi 900 déclarations (cf. tableau des déclarations du RAV).
La banane est classiquement un fruit associé à l’allergie au latex (cf. latex et aliments). Mais son statut est plus complexe et une allergie à la banane peut recouvrir différentes étiologies .
Ainsi, Somoza note seulement 9 allergies au latex parmi 23 patients allergiques à la banane . Et Snchez-Monge aucun parmi 36 enfants avec une histoire clinique positive pour la banane .
Et Reindl montre que la profiline de banane (Mus xp 1) est positive chez 44 % des allergiques à la banane sans allergie au latex.
On est donc en présence de 2 cadres immunologiques (au moins) :
– une sensibilisation de "type latex" avec positivité pour chitinase/domaine hévéine
– une sensibilisation profilinique
Ce statut mixte rend l’enquête étiologique importante car les réactions cliniques sont volontiers plus sérieuses en cas de sensibilisation aux chitinases plutôt qu’aux profilines.
La banane ne semblant pas être un fruit du "syndrôme LTP" , l’expression clinique d’une réactivité profilinique se verra chez des sujets polliniques et en l’absence des influences majeures que sont le bouleau ou le latex.
C’est avant tout en milieu méditerranéen qu’ont été décrits ces tableaux. Mais cela s’applique très vraisemblablement aux séries américaines associant ambroisie, melon et banane bien que ces travaux soient couramment cités comme une allergie croisée spécifique de l’ambroisie.
Les allergènes de la banane :
La chitinase a été repérée par des équipes françaises avant d’être identifiée en 1999 .
Dans le fruit mûr on trouve, en plus de la chitinase et de la profiline :
- une thaumatin-like protein (TLP) d’environ 20 kDa, non glycosylée , et IgE-réactive . Cette TLP montre une assez bonne résistance à la digestion gastrique .
- Du fait de la bonne homologie entre la TLP de banane et celle du kiwi (Act d 2, 77 % d’identité), la relation banane-kiwi mériterait d’être éclaircie.
- l’homologie est plus modeste avec les TLP de pomme (Mal d 2, 40 %), de cerise (Pru av 2, 43 %), de poivron (Cap a 2, 48 %) et de genévrier (Jun a 3, 55 %) .
- un lien entre pollinose aux cupressacées et allergie au kiwi a été évoqué
- une beta 1,3 glucanase de 31 kDa , IgE-réactive et croisant avec le domaine N-terminal d’Ole e 9 (pollen d’olivier) .
- une lectine de 15 kDa, très résistante à la digestion et dont l’IgE-réactivité doit être précisée.
- une isoflavone réductase repérée par réactivité croisée et dont l’allergénicité reste aussi à établir.
- récemment une étude pédiatrique a évoqué de nouvelles protéines IgE-réactives : une chitinase de classe 3, une LTP et une superoxyde dismutase. Le rôle d’une LTP dans l’allergénicité de la banane est cependant réfuté par Asero .
Les contenus en protéines varient dans la banane en fonction de la maturité du fruit.
On utilise l’éthylène pour le mûrissement final des bananes, juste avant commercialisation. Ce traitement provoque un burst de polygalacturonase, de pectate lyase, etc… , mais aussi d’endochitinase, de beta 1,3 glucanase et de TLP .
Banane et CCD
(voir aussi : Les CCD)
La banane n’échappe pas à la présence des glycoprotéines susceptibles d’être reconnues par des IgE anti-CCD .
Bien qu’étant une monocotylédone comme les graminées, la banane présente peu de chaines de type MUXF (celui de la broméline), mais surtout des Lewis a .
Malgré tout, les tests in vitro sont à risque d’être interférés en présence d’IgE anti-CCD dans le sérum .